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ludivinerioult

L'Histoire nous apprend-elle quelque chose ?

Les évènements ne se répètent jamais exactement de la même manière et le fascisme change de masque ou d'habit selon les saisons, mais qu'en est-il de notre attitude face à ces évènements, qu'en est-il de notre attitude face au fascisme ?


On aime tous se dire qu'on a compris, qu'on appris, qu'on a changé. On aime commémorer, on aime célébrer. On aime les héros morts. Et pourtant...


Et pourtant on a répété les mêmes erreurs, les mêmes compromissions, les mêmes lâchetés qu'à chaque fois.

Et pourtant on a laissé Poutine agir, tuer, grandir depuis 20 ans.


Et pourtant ceux qui l'ont combattu depuis décembre 1999, au coeur de cette nuit si caractéristique du fascisme, une nuit noire en plein jour, l'ont fait seuls.


Et pourtant les Tchétchènes sont morts seuls, Anna Politkovskaïa et Natalia Estemirova sont mortes seules, les Géorgiens sont morts seuls, les Syriens sont morts seuls, les Ukrainiens, aujourd'hui, résistent et meurent seuls.


Et pourtant on a chez nous les mêmes collabos d'extrême droite, médiocres supplétifs du fascisme qui admirent chez le tyran étranger la force brute qu'ils n'ont pas plus, les mêmes dirigeants démocrates qui jusque là ont érigé le confort en valeur suprême de la société et vendu pour peu cher la liberté des peuples, les mêmes idiots utiles, aussi, dans une partie de la gauche qui répètent le mot "paix !" juste pour laisser le tyran mener ses guerres et méprisent toujours autant les demandes des peuples qui se dressent, eux, sur son chemin.


Les mêmes lâchetés, les mêmes compromissions, les mêmes faiblesses donc : le mal auxquels nous sommes confrontés change un (petit) peu, mais nous, nous ne changeons pas.


Une prise de conscience semble avoir lieu ces derniers jours. C'est important. Fondamental même. Et non, il n'est jamais trop tard pour éviter l'éternelle répétition du même.


À condition de changer. Vraiment. Pas à moitié. Pas pour prendre la pause quelques jours avant de revenir à ses couardes habitudes.


J'aimerais que nous comprenions ce qu'implique pareil changement.


Il implique une révolution mentale au sommet et à la base. Il implique d'accepter de payer un prix, le prix de la liberté et de la souveraineté.


Rien n'est gratuit dans ce monde, et, au fond, c'est cela, la politique : décider ensemble quel prix on est prêt à payer et pour quoi lorsque vient l'heure de l'addition.


Le prix que nous devrons payer si nous sommes sérieux face à Poutine sera infime par rapport au prix que paient ceux qui le combattent réellement sur le terrain et au prix que nous paieront plus tard si nous refusons de le faire aujourd'hui.


Ce prix (économiquement, énergétique, financier), sommes-nous prêts à le payer ?


Quand on voit le Premier ministre italien Mario Draghi négocier l'exemption du luxe des sanctions pour préserver les intérêts de ses amis milanais, on en doute.


Quand on voit la Ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock chercher à éviter l'exclusion de la Russie du système SWIFT pour pouvoir continuer à acheter du charbon (une écolo !!!!!), on en doute.


C'est pourtant la clé de tout, la capacité à sacrifier certains intérêts particuliers au nom de l'intérêt général. La capacité à remettre la politique au poste de commandement.


"C'est peut-être la dernière fois que vous me voyez vivant"


Ces mots sont ceux de Volodymyr Zelensky, le Président ukrainien, aux dirigeants européens réunis en conseil extraordinaire. Implorant notre aide et des sanctions bien plus fortes contre la Russie, il a ensuite tenu un discours bouleversant à son peuple.


Nous paierons très cher l'abandon de la démocratie ukrainienne. Chaque dirigeant européen, allemand et italien en tête, qui cherche à édulcorer les sanctions ou refuse d'aider la résistance ukrainienne aura à répondre devant l'Histoire de son attitude dans ces heures décisives.


Pourquoi il faut arrêter Poutine en Ukraine ?


Pour sauver la démocratie ukrainienne et protéger les ukrainiens. D'abord et avant tout. Mais pas seulement.


Pour défendre la sécurité européenne et éviter les guerres suivantes. Si Poutine paie un prix trop bas, l'Ukraine n'aura été qu'une étape.


Les services de sécurité en Europe travaillent déjà sur les suites possibles : Interventions russes en République Serbe de Bosnie ou opérations menées sur le territoire de l'OTAN (via des manipulations en Lettonie par exemple).


La paix et la sécurité de notre continent à long terme se jouent maintenant.


Voilà pourquoi les sanctions doivent être bien plus massives. Voilà pourquoi il fallait immédiatement exclure la Russie du système bancaire international SWIFT malgré l'opposition honteuse de l'Italie et de l'Allemagne au Conseil européen.


Voilà pourquoi il faut saisir les biens et les comptes en banque des oligarques russes partout en Europe.

Voilà pourquoi il faut aider les Ukrainiens à se défendre sur le terrain en leur fournissant les équipements qu'ils demandent.


Voilà pourquoi toute faiblesse, dans ces heures tragiques, est criminelle.


Nous le devons à un peuple dont le seul crime est de vouloir vivre libre ET nous le devons à nous-mêmes. Il en va de la survie d'une nation.


ET de notre avenir à toutes et tous en Europe.


"Nous donnons tout ce que nous avons de plus cher juste pour pouvoir vivre comme vous, avec vous. Ne nous lâchez pas !"

Le Président Zelensky devant le Parlement européen en session spéciale.



Raphaël GLUCKSMANN, Député européen, essayiste, humaniste : "Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve" (Hölderlin)


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